« Le Père Noël est en psychiatrie et il a perdu les pédales… »

« Le Père Noël est en psychiatrie et il a perdu les pédales… »

PORTRAIT D'UNE RENCONTRE RÉCENTE. La mémoire conserve certains détails que la plume ancre dans une réalité, la nôtre.

Le Père Noël est en psychiatrie et il a perdu les pédales. Monsieur Flamand n’est pas tout rose, il est tout pâle, car plus tout jeune et plutôt vieux. La première fois, c’est émouvant. Monsieur Flamand est enfermé et de sa voix traînante et chagrinée vient vous demander les clefs. Avec sa barbe blanche et sa hotte en taie d’oreiller le Père Noël voudrait se tailler. Il ne lui manque que les rennes, la raison et le bonnet.

Dans son pyjama bleu, le long des couloirs blancs, Flamand traîne ses santiags de patient en patient. « T’as les clefs ? Les clefs, il me faut les clefs ». Monsieur Flamand sait qu’il est enfermé. « Je dois sortir, je dois voir ma fille ! ». Monsieur Flamand ne sait pas que c’est elle qui l’a enfermé en psy. Parfois le Père Noël tente de soudoyer les autres patients ; ils ont les clefs, il en est persuadé. « Il me faut les clefs, je t’enverrai de l’argent, s’il te plaît… ! ». Sa voix tremble, comme sa tête, elle part dans tous les sens.

La première fois c’est amusant. Rapidement ça devient très chiant. Pas de tendresse pour les aliénés, on lui dit de la fermer. Monsieur Flamand est seul, personne ne vient jamais. Il cherche les clefs devant une porte toujours fermée. Le Père Noël bleu attend de s’échapper.

A.