Elle est là, au milieu du couloir si froid de l’unité l’Hermitte de Paul Brousse, proche d’un mur, comme pour se soutenir. Petite femme, jolie femme emplie de douceur sur un corps qui la porte à peine. On s’attarde sur ses jambes qui font penser à celles d’un enfant. Et pourtant, la maturité, la sagesse, le savoir et la connaissance émanent d’elle. Petite, si petite et pourtant profondément interpellante… ses cheveux enrobent sa tête comme une crème chantilly, douce et vaporeuse. Son regard bleu empli de bienveillance et attentif perpétuellement à l’autre ne laisse personne indifférent. Elle porte à chacun un mot réconfortant.
Elle est le visage et le corps incarnés du combat de bon nombre d’entre nous qui souffrons cachées, dans notre intimité et notre univers parfois sombre. Elle attire, on a envie de savoir, de comprendre et pour autant elle impose la distance de la pudeur évitant une bienveillance quelque fois carnivore et inappropriée. Cette patiente sera probablement le souvenir emblématique de cette période si particulière partagée avec elle ; elle, la figure quasi biblique au milieu des démons et torpeurs que ce voyage réveille. Tricoteuse assidue et motivée, de ses mains agiles elle crée la matière. Il est intéressant de la voir tricoter avec finesse des kilomètres de morceaux, comme si elle rassemblait, mettait en forme, donnait du corps à différents fragments de vie. Un travail réparateur ?
C.