« C’est un hôpital… pas les jardins de Versailles  »

« C’est un hôpital… pas les jardins de Versailles »

JE ME SOUVIENS... Première ou dernière fois dans le service, à chacun·e son regard, ses craintes, ses espoirs.

Je me souviens, c’était le 22 décembre 2019. Il faisait gris, comme souvent durant l’hiver parisien. J’avais froid et j’étais venu visiter l’hôpital de jour du service des troubles du comportement alimentaire de l’hôpital Paul Brousse. Une visite, une simple visite… cela ne devait être qu’une formalité de quelques heures pour satisfaire une curiosité et imaginer, peut-être, une prise en charge dont j’avais grandement besoin.

J’avais donc pris ma voiture de bon matin pour traverser le 13° arrondissement puis la très longue avenue qui séparait le périphérique de l’hôpital. Un chemin jalonné par ces barres d’immeubles, son centre commercial insipide et un marché désert… bref, une route terne et triste comme on en trouve beaucoup en région parisienne, une ligne interminable sans couleur ni gaieté hormis celles des feux de signalisation… la parfaite représentation de mon apparence et de mon état d’esprit de l’époque.

Trente minutes plus tard, avenue Paul Vaillant Couturier… dernier virage… PNC aux portes… j’arrive devant la barrière de l’hôpital. Je suis accueilli par un charmant monsieur qui me demande ma convocation et qui m’indique le bâtiment. Il est là, tout près, juste sur ma droite, tout en brique rouge qui me rappelle ces vieilles cités anglaises mornes et complètement délabrées.
Sur ma gauche, une allée avec tout plein de voitures garées, quelques arbres épars aux branches nues… cela manque de couleurs, de saveurs… et en même temps c’est un hôpital… pas les jardins de Versailles. Ce paysage est chargé de mélancolie ou alors c’est mon regard qui le déforme à souhait.

Je franchis le seuil du service. Je ne le sais pas encore, mais alors que ma visite ne devait durer que quelques heures, je ne repasserai cette porte que 5 mois plus tard.

A.