Je me souviens, c’était un lundi. Le 27 septembre 2021. Il était 10h30 passées et on m’attendait pour 10h. La voiture chargée de mes affaires et maman au volant, après plus d’une heure trente de route, voilà que je franchis la barrière de l’hôpital. La boule au ventre, la gorge nouée, je sens les larmes monter. Maman traîne ma valise et moi je la suis, la tête penchée en avant, les yeux rivés sur le sol, perdue dans mes pensées. Je ne prête pas attention à ce qui m’entoure et je ne dis pas un mot de peur d’éclater en sanglots.
Lorsque je relève enfin la tête, je me trouve devant la porte n° 4. Un panneau en métal semble parfois bouger au gré du vent. Un échange de regards, un timide « à bientôt » et me voilà dans l’ascenseur. Ma valise à la main, mon sac sur le dos, je fixe maman le temps que les deux portes métalliques se referment devant moi. « Tchaq ». Un étage et une éternité plus tard, les portes s’ouvrent à nouveau laissant apercevoir un immense couloir rectiligne aux murs salis et ternis par les années et la souffrance.
Je suis perdue et je ne sais pas où aller. Je reste figée quelques secondes avant que quelqu’un croise mon chemin et me mène jusqu’au poste de soins. Après un passage aux admissions pour régulariser ma situation et me faire enregistrer, il est temps de découvrir ma chambre. C’est la 27, juste en face de la salle à manger : une porte bleue, usée par les années, munie d’un hublot en forme de losange. Un tour de clé et la porte s’ouvre sur une petite pièce sombre : un lit, une armoire, une étagère, un bureau, une chaise et un fauteuil. Des murs gris, gris hôpital. Des murs entre lesquels je vais rester pour une certaine durée. Des murs que je m’empresse d’égayer avant même de m’installer. Des murs au sein desquels aujourd’hui je me sens bien et je tente de reprendre peu à peu confiance.
A.